Taïwan – Taipei – jour 5

29 décembre
On commence doucement, très doucement aujourd’hui… nous sommes vraiment fatigués et nous avons envie de traîner un peu au lit puis dans un café près de l’hôtel ensuite.
La veille, comme j’ai demandé à une personne de l’hôtel de nous donner l’adresse d’un magasin de location de deux roues, nous partons en direction de la station de métro de Shilin comme indiqué sur le plan qu’il nous a fourni. Jusque là, c’est plutôt gentil. Reste que nous faisons le déplacement pour rien. Nous perdons 1 heure de notre dernière journée pour aller là-bas et pour chercher un magasin introuvable. J’avoue ne pas être très heureux de cet incident. De plus, j’aurais bien voulu essayer les rues de Taipei en deux roues comme je le fais souvent lorsque je voyage en Asie. L’homme va m’entendre !
Le scooter aurait aussi été pratique car nous avons quatre endroits à visiter et ils ne sont pas dans les mêmes quartiers : le temple de Xiangtian, le quartier de Da-an, The Red house dans le quartier de Ximen et le supermarché du premier soir pour faire nos derniers achats.
La nouvelle ligne de métro – elle n’est pas encore mentionnée sur la carte Google du GPS de mon iPhone – nous dépose juste à côté du temple. Si le bâtiment n’a aucun intérêt en soi, on vient ici pour la foule qui vient rendre hommage au dieu de la guerre : Kuan Kung (ou Guan Yu). Des femmes en tuniques bleues font office et purifient les âmes qui viennent ici faire des offrandes et prier. Les gens font la queue pour passer devant ses femmes qui, avec trois bâtons d’encens, répètent 3 ou 4 fois les mêmes mouvements du rituel avant de passer à la personne suivante. On vient aussi avec son bébé ou des vêtements (qu’on va ensuite offrir ?) pour leur faire subir le rituel. C’est fascinant et je reste là, accroupi à regarder ce défilé rythmé et traditionnel. La lumière est d’ailleurs très belle et plonge dans la cour intérieur pour percer les volutes de fumées d’encens. Tout le monde prie, tout le monde est absorbé dans ses prières… Quelle différence avec une église en Europe…
Temple Xiangtian
Le thermomètre est définitivement remonté et il fait vraiment doux (chaud pour certaine) vers 13h avec au moins 25°C. Mis à part le soir de notre arrivée, nous aurons eu un temps magnifique. Cela fait bien plaisir.
À l’ouest du mémorial de Chiang Kai Shek, le quartier de Da-an abrite la maison mère du restaurant Din Tai Fung (鼎泰豐), une restaurant de raviolis vapeurs de renommée mondiale et que nous adorons. Le magasin de HK, étoilé par Michelin en 2010 n’a fait qu’augmenter cette renommée et quand nous arrivons, il faut attendre 30 minutes. Aucun problème ! Particulièrement bien organisé et préparé, des jeunes femmes accueillent les clients en leur donnant des menus, une feuille de commande à remplir soi-même avec un numéro pour nous appeler. Toutes les langues que nous parlons Noriko et moi sont disponibles. La jeune fille au grand sourire vers laquelle je vais porte un petit drapeau français… elle se débrouille comme un chef ! La librairie à côté doit verser une commission au restaurant car l’attente est tellement longue que tout le monde y va. Elle propose des produits sympas et internationaux. Assis sur un scooter pour me poser en attendant, une femme qui fait des marrons chauds m’interpelle pour me demander si je vais au restaurant. Je fais oui de la tête et elle me demande combien nous sommes. Après que je lui ai fait deux avec mes doigts, elle me fait signe de venir et m’offre deux marrons. Adorables les Taïwanais je vous dis ! Une fois dans le restaurant, l’organisation paraît encore plus évidente : le numéro de la table avec son étage correspondant au ticket de commande pour que les plats se succèdent les uns après les autres avec un timing noté sur l’addition. On reçoit des explications en français et japonais sur les plats et le restaurant puisque notre hôtesse de départ nous a signaler comme un couple franco-japonais. Trop fort ! Il va sans dire que c’est absolument délicieux. Ce sont les meilleurs raviolis vapeur du monde, cela ne fait aucun doute. Est-ce le fait de les manger à la maison mère ou pas mais ils nous semblent meilleurs que ceux qu’on trouvent à Tokyo où nous allons assez souvent. Les petits pains vapeur en dessert nous arrachent nos dernières larmes…
Nous faisons aussi l’expérience de la Poste puisque je souhaite envoyer des cartes postales. Dans la lignée de celles du monde entier, il faut attendre, un numéro à la main et c’est assez long… ceci dit, la femme derrière le comptoir parle très bien anglais, une capacité dont je doute fortement en France ou au Japon… puis nous repartons vers le quartier qui se trouve derrière le restaurant de notre déjeuner. Avant de le visiter, Noriko veut absolument manger le dessert du coin chez 永康15 (aka Ice Monster), à la mode chez les jeunes (et moins jeunes…) : une glace à la mangue avec des morceaux à côté, le tout posé sur de la glace pilée arrosée de lait concentré parfumé à la mangue… malheureusement, ce n’est pas la saison du fruit aussi mangeons nous de la gelée en guise des morceaux de fruit. Dommage mais tout de même, le parfum de la glace est saisissant. On peut aussi acheter d’autres montagnes de glaces avec des fraises, des haricots rouges ou des litchis… Le couple de Chinois juste en face de nous sur l’étroit comptoir où nous sommes assis prend deux montagnes appelées « Red beans lover », un nom parfait pour ce qui atterrit devant eux. Très impressionnant et je me demande comment on fait pour manger cela tout seul… c’est vraiment le genre de plat qu’on mange à deux, en amoureux, équipés de cuillères pour l’ascension du dessert. Sauf peut-être si on n’a pas déjeuné avant…
Place de YongKang
Enfin, nous commençons la visite de ce petit quartier en continuant dans la rue où nous sommes. Un jardin triangulaire en son centre, cet endroit est un petit paradis dans Taipei. Rien à voir avec le reste de la ville, des cafés très tendances, des magasins beaux et chics qui sont plus des ateliers d’ailleurs se succèdent les uns après les autres ainsi que des boulangeries et des fabricants de services à thé en poterie ou porcelaine. Chaque boutique est décoré avec goût, beaucoup ont une devanture recouverte de verdure entourant la vitrine… il fait vraiment bon vivre ici. Si je devais le comparer à des quartiers de Paris ou Tokyo, je penserai au Marais et la rue des Archives ou des Francs bourgeois ou les petites rues derrière Aoyama. On voudrait vivre ici si on vivait à Taipei. Nous passons dans une boutique de sacs (游子) puis de vêtements chinois (雅緻人生) – où Wong Kar Wai a dû venir acheter les robes de Maggie Cheung – pour faire des achats. À l’arrière, le ou la patronne travaille avec des couturières pour confectionner les articles. Certes, c’est plutôt assez cher mais cela en vaut vraiment la peine. On est enchantés par le lieu et on flâne tranquillement. Une bijouterie fan d’Audrey Hepburn, un magasin de thé (耀紅名茶 aka Yahon premium tea), une boutique de souvenir (成家家居 aka At Home)… tout est joli ! Quand nous partons, il fait déjà noir.
bâtiment présidentiel - Taipei
Pour repartir à l’ouest vers « The red house », le métro est un peu loin aussi prenons nous une dernière fois un taxi. Il passe d’ailleurs devant le bâtiment présidentiel, ce qui d’une part nous permet de le voir et d’autre part, de se dire que décidément, ce Nouvel an avec la République de Chine qui entre dans sa centième année sera particulièrement important. Je regrette vraiment de partir avant la fête. Ximen, là où nous arrivons, est le quartier jeune, comme Shibuya ou Harajuku à Tokyo. La foule est très importante. « The red playhouse » est en fait un vieux bâtiment en briques. Ouvert en 1908, il accueillait un marché, une salle de spectacle et un cinéma.
L’extérieur est intéressant mais l’intérieur aucunement. Je ne m’attendais pas à voir un centre commercial. Les boutiques sont, il est vrai assez tendances et plutôt artistiques mais je ne suis pas venu pour faire des achats. Nous ne restons pas longtemps car je préfère aller voir la jeunesse locale. La première chose qui me frappe particulièrement ici est le modèle japonais. Tout – ou presque – est un culte au Japon : musique, nourriture, mode, manga, cosplay… les jeunes taïwanais sont donc les plus gros consommateurs de la culture nippone. Un centre commercial appelé « Shinjuku plaza » me fait sourire. Le centre de ce quartier est en fait piétonnier et les rues sont constellées de magasins de toute sorte collés les uns aux autres.
Juste avant de pénétrer dans le quartier, j’aperçois un temple et m’en vais le visiter. L’entrée est prise entre deux bâtiment et donne sur une cour où se trouve le temple lui-même. Dans la nuit, avec toutes les lumières des lampions, des bougies et des Bouddha éclairés, l’ambiance me plaît et il n’y a pas beaucoup de monde.
Dans la station Ximen – nous prenons le métro pour repartir vers l’hôtel – les trains déversent des foules de jeunesses locale que j’aimerais bien prendre en photo. Comme à Harajuku, c’est un endroit pour le fashion snap et cela se voit car plusieurs photographes locaux – équipés de flash – attendent la personne qui les intéresse. Il me faudrait rester plus longtemps dans l’endroit pour m’habituer à l’ambiance et réussir mes photos. J’ai toujours besoin de temps avant « d’arriver » à faire des photos… j’ai besoin de sentir et de « connaître » le lieux pour m’en imprégner, « comprendre » comment il fonctionne ainsi que ses autochtones afin d’avoir des photos réussies et non des photos « comme ça ». Une autre fois peut-être…
Nous passons une dernière fois au supermarché du premier soir pour finir d’acheter des gâteaux à l’ananas pour nos souvenirs. On se retrouve finalement avec une quantité importante de ces douceurs. Nous ne sommes pas loin du fabricant de desserts/thés où nous sommes déjà allés deux fois et ne manquons pas d’y retourner une troisième pour prendre un thé au miel pour moi et un à l’hibiscus pour Noriko, comme au premier jour. On sirote en marchant, les jambes complètement épuisées, coupées mais qui vont bientôt se faire dorloter car nous avons aussi décidé de passer dans un salon de massages. C’est une première pour moi et suis un peu inquiet car j’ai peur que cela fasse mal, qui plus est, Noriko m’en a fait un portrait dramatique !
– Nan mais ça fait super mal !
– Ah bon…
– Oui, oui, tu peux en pleurer.
– Mais où est le plaisir là-dedans ?!
– Après, tu te sens super bien !
– Euh… et pendant ?
– Ca fait vraiment mal. Ils appuient sur des zones sensibles et toi, avec ta vessie, tu vas te faire pipi dessus !
– Non mais c’est bon là !
– Mais tu sais qu’il y a toutes les parties du corps dans la plante des pieds ?
– Oui, oui je sais…
Mais j’ai quand même envie d’essayer. Il me suffira de dire que c’est ma première fois et ils me feront quelque chose de plus doux…
L’endroit (正氣養生會館) est réputé et beaucoup de Japonais y viennent. Le patron nous explique que la moitié des clients sont japonais. Il parle lui-même très bien la langue. Equipés d’un pantalon court, cela commence par un bain parfumé pour les pieds. Il y en a plusieurs, je prends lavande pour la détente. Ensuite, on chauffe le tout avec des serviettes chaudes et ça commence. Ca commence par le pied gauche, l’autre étant emmitouflé dans une serviette pour conserver la chaleur. C’est une femme qui me masse et elle parle très bien anglais. Je suis impressionné par ses mains, des mains sculptées par les nombreuses heures de massage au compteur, au fil des années. Dans nos mains, nous avons une carte de nos pieds qui nous explique les zones qui correspondent à tel ou tel membres ou organes. Par moment, la relation est évidente, notamment pour la vessie ou la prostate… mais je ne perds pas ma continence ! Le tout dure 40 minutes et par moment, seulement par moment, cela fait un peu mal mais c’est pour être mieux relaxer par la suite. Le masseur, à chaque zone massée, se concentre pour connaître la condition corporelle. Je suis assez inquiet pour la mienne et ma masseuse doit découvrir des choses qu’elle ne veut sans doute pas m’avouer…
– Mes pieds vous disent quoi ?
– Ils me racontent la condition de votre corps.
– Et alors ?…
– …
– Euh c’est si dramatique que ça ?
– Non, non, ça va. Votre condition n’est pas mal… pas mal répète-t-elle sans s’arrêter de masser.
Noriko a aussi droit à des commentaires de son masseur et il ne la prend pas avec des pincettes… La pudeur m’empêche de révéler ici ce qu’il lui dit.
J’avoue être plus sensible au massage du mollet qu’au pied. Sans doute la fatigue des 4 jours et demi de marche… Nous avons aussi le droit à un massage du cou et des épaules qui fait un bien fou. On nous offre aussi une boisson de médecine chinoise… je goûte enfin ce que les pharmaciens préparent avec tous ces ingrédients qui mettent dans des feuilles. C’est délicieux et certainement excellent pour la santé ! Ce bon moment donne envie de tenter le massage complet du corps… pour mon dos en miettes, cela serait très certainement bénéfique. Mais il y a la valise à préparer et j’avoue que l’heure à laquelle il faut se réveiller le jour suivant me fatigue rien que d’y penser. Nous rentrons ensuite pour préparer les valises.

7 comments

  1. Les massages à Taipei… Maintenant j’en rigole, mais pendant un certain temps, il ne fallait pas m’en parler ! @_@
    HS : Sympa le petit guide des restos, j’adore !

  2. Les massages sous les pieds doivent correspondre aux techniques de réfléxologie, je pense? Tout ça étant issu de la connaissance chinoise du corps à travers les méridiens et les points d’énergie …utilisés en acupuncture, développés en Qi gong…entre autres.
    Se faire faire un massage selon ces techniques doit être bon… En avez-vous senti des bénéfices ensuite?

  3. Beaucoups de jolies photos, merci pour la promenade, juste une remarque, on à presque une photo de toi 😉 ca manque une photo de nos deux aventuriers

  4. Merci Fred. 😉

    Je n’ai pas senti quelque chose de spécial si ce n’est le fait d’être détendu. Disons que je n’ai pas fait attention sur les conséquences par la suite… 😳

    Merci momo. Je n’aime pas tellement mettre des photos de moi/nous dans mon journal de voyage… 😉

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