La vingtième…

ou histoire d’en finir avec les anniversaires… (pour avril?)


On peut dire que tout a commencé à ce moment-là… au début des années 80, mais je ne sais plus exactement quelle année. Mon père s’en souviendrait-il? Il y avait les formats 126 et 110 lancés par Kodak, une révolution! Cela démocratisa la photo en la rendant très peu coûteuse. Et oui, il n’y a pas que le numérique! La série d’appareil née de ce format s’appelait Instamatic…. vous souvenez-vous? Ils étaient tout plat, on les armait en poussant la glissière sur le côté, le bouton était orange enfin pour le mien…

La boîte!
C’était un Noël donc, et je reçus cet appareil photo en cadeau. Moi? Un appareil photo? La boîte devait ressembler à cette photo et l’appareil était (j’imagine) le 508, l’entrée de gamme. Il doit être dans un carton sous 15cm de poussière quelque part en France. Je me souviens, un été, vouloir imiter ma mère qui faisait des macros de fleurs. C’était dans les Alpes, à La Clusaz, j’avais moi aussi tenté les macros de fleurs avec ce pauvre appareil! Tout était flou bien sûr et les photos complètement décalées en raison de la position du viseur et de l’objectif… c’était marrant mais ça ne m’a pas dérangé. J’avais aussi pris mes chats cet été-là et les photos étaient plus réussies.
Nuage (le Chartreux) et Lune (la Siamoise)

Pour retrouver l’appareil de votre enfance, je vous conseille ce site. La page dédiée aux Instamatic Kodak et Agfa. Séquence souvenirs…

Mais tout cela ne fait pas 20 ans me direz-vous! Et je vous dirai oui, ça fait plus!

20 ans ou avril 1987, Minolta, Florence…
J’avais changé de collège l’année précédente et pour cette raison, je n’avais pas pu participer au voyage scolaire en Italie. En 1987 donc, alors que le voyage était réservé aux 4e, après négociation avec la professeure de dessin et le professeur de musique – les organisateurs – et j’imagine quelques mots de mon père, je pouvais me joindre à ce voyage vers Florence où je rêvais intensément de pouvoir rencontrer David! Je m’entendais alors très bien avec ces deux professeurs, ils m’aimaient beaucoup et étaient heureux que je puisse participer à ce voyage. Les deux seules matières où j’excellais, les deux seules matières créatives et artistiques où les élèves ne sont pas tenus de répondre ce que le professeur attend… Le voyage se faisait donc sous la lumière artistique de ces deux représentants de l’Education Nationale et de cette ville-musée. Le créatif dominait! Et surtout, cela se faisait dans le cadre d’un projet artistique photo et son. La professeure de dessin était en charge de la photo et le professeur de musique du son. Ainsi, avant le départ, nous avons eu une petite formation de leur part. La professeure de dessin m’initiant à l’utilisation d’un boîtier Minolta semi-automatique (c’est-à-dire une cellule intégrée qui donne la vitesse en fonction du diaphragme choisi) mais tout le reste manuel. Le professeur de musique m’initiant à la prise de son avec là aussi, un matériel professionnel de fou. Nous avons même fait du montage en coupant la bande magnétique et tout. C’était incroyable!
Minolta
Je me souviens de cette première journée où après la théorie venait la pratique. Nous sommes sortis du collège, nous sommes allés dans une gare et nous prenions des photos. Je découvrais vraiment le monde vu à travers le viseur d’un 24×36 avec un 50mm. J’ai pris des photos. En revenant, je me suis rendu compte que j’étais resté entièrement en manuel. Tout en manuel… Mes photos devaient être toutes ratées… déception… c’est au tirage que j’ai découvert que tout était réussi! Le départ des trains, les rails, les cables électriques! Tout allait!
Je n’ai malheureusement pas ces photos. C’est ma professeure de dessin qui les a gardées (gardées?…)

A Florence, j’ai explosé le record de photos! J’étais fasciné par la ville. J’avais un ustensile qui me permettait de prouver cette fascination. Si je me souviens bien, j’ai fait dans les 200-300 diapos… on ne me retenait plus! Même les professeurs n’avaient pas fait attention au stock de pellicules qui diminuait gravement à cause de moi.
Je me suis fait une frayeur aussi. Je chérissais cet appareil plus que tout (plus que ma copine de l’époque qui était pourtant avec moi à Florence!) car c’était un objet de valeur: c’était l’appareil de ma prof, elle me l’avait confié et je savais qu’elle voyait que je m’éclatais avec l’appareil. Elle me faisait donc confiance. Or, en allant changer de l’argent dans une banque, j’ai oublié l’appareil sur le comptoir. En Italie! Livide, je suis retourné en courant vers la banque, laissant ma professeure désespérée de perdre son appareil, ne croyant plus le retrouver et moi, la mort dans l’âme d’oublier un tel objet! Je bravais aussi la sécurité retournant seul à la banque, me séparant du groupe… soufflant comme un boeuf, j’ai fendu la queue jusqu’au comptoir et sous les yeux écarquillés des clients, j’ai trouvé l’objet qui m’attendait, qui n’avait pas été volé. Joie. Soulagement de ma professeure.

Pour cet anniversaire qui compte beaucoup pour moi, ces 20 ans de photo reflex, je n’ai malheureusement pas réussi à m’organiser pour récupérer les quelques diapos de Florence qui m’ont été offertes par ma professeure quelques années plus tard. Il faudrait que je retourne en France pour chercher sous cette poussière ce boîtier jaune qui les contient. Mais c’est promis, la prochaine fois que j’y vais, je m’en occupe! J’y tiens (dans tous les sens du terme!)
Boîtiers diapos

J’ai ensuite recommencé avec ce merveilleux boîtier que mon père a fini par me donner il y a longtemps, en 1989, sur lequel j’ai lorgné pendant longtemps: le Nikomat EF (sorti en 1972)
Nikomat EL
Un boîtier importé personnellement du Japon en 1976 par un ami de mon père. Un boîtier juste un peu plus jeune que moi. J’ai encore le faux certificat d’achat de ce boîtier qui n’a pas été distribué en Europe et bien sûr, j’ai toujours cet appareil qui m’est très cher ici au Japon.

(Une très bonne base de données sur les appareils photo: http://www.camerapedia.org/ )

Pour célébrer cet anniversaire, je vous présente une série de photographies annuelles entre 1987 et 2007. Il n’y aura donc pas de photo pour 1987 puisque je ne voudrais y mettre qu’une photo de Florence. Cela viendra quand je retrouverai ces diapos. Je n’ai pas non plus de photographie prise en 1988 puisque je n’avais pas d’appareil digne de ce nom. Je couvre donc 1989 à 2007, c’est pas mal. Choisir parmi mes milliers de photographies fut un exercice extrêmement difficile mais un excellent travail d’introspection. Je voulais aussi sortir des photos qu’on trouve sur le site… pas toujours évident!
Bonne balade.

– 1989 –

concours photo autour du thème « Terre et Pierre ». Le concours était organisé par la chatelaine d’un village de la grande banlieue parisienne.
Terre & Pierre - 1989
Nikomat EL – pellicule Kodak 5052 T-Max 100iso

– 1990 –

J’ai passé une après-midi sous l’arche de la Défense pour me faire une pellicule. J’y suis retourné plusieurs années plus tard et j’ai été surpris de voir que cette photo date de 1990. Je pensais qu’elle datait de la journée de 1994.
Sous l'arche - 1990
Nikomat EL – pellicule Kodak Gold 100iso

– 1991 –

La place des petits père à Paris, pendant l’été 1991. J’étais au 200mm, cet objectif monstre qui pèse une tonne parce que très lumineux (f/2.8) et après avoir appuyé sur le déclencheur, l’homme s’allongea et on ne le voyait quasiment plus. J’ai longuement espéré que la photo soit réussie car j’avais l’impression d’avoir pris quelque chose.
Place des petits pères - 1991
Nikomat EL – pellicule Kodak 5052 T-Max 100iso

– 1992 –

Quelque part dans le sud de la Turquie. Prendre les gens en photo commençait déjà à me démanger et je découvrais que cela n’était pas facile en raison du refus. Qui plus est dans un pays musulman où les femmes s’enfuyaient quand je commençais à sortir l’appareil.
Sud de la Turquie
Nikomat EL – pellicule Kodak 5053 TMY 400iso

– 1993 –

Une de mes très très nombreuses photo du Louvre. Ce musée que j’ai pris sous beaucoup d’angles… J’y ai passé des après-midis entiers à aller-revenir un peu partout. Cet endroit est fascinant pour les rencontres qu’on peut y faire.
Le Louvre - 1993
Nikomat EL – pellicule Kodak 5053 TMY 400iso

– 1994 –

Ce n’est pas le Louvre mais ce n’est pas loin. Il s’agit du Palais Royal. Cette petite vieille au soleil avec son tricot contre son arbre m’avait bien plu.
Je l’ai prise malgré son refus…
Palais royal
Nikomat EL – pellicule Ilford Delta 100iso

– 1995 –

Dans Paris, il y a deux jardins qui m’interpellent parce que j’y ai usé des semelles et des roues de patins: les Buttes-Chaumont et le Luxembourg. Ce jour-là, cet empilement des fameuses chaises du Luxembourg m’appelait de toutes ses forces!
Les chaises du Luxembourg
Nikomat EL – pellicule Ilford Delta 400iso

– 1996 –

Un des nombreux après-midis sous la pyramide, en haut des escaliers, sous la chaleur de la verrière à attendre que des bipèdes prennent une pause intéressante dans mon objectif sans que d’autres éléments viennent les perturber…
Sous la pyramide - 1996
Nikomat EL – pellicule Kodak 5063 Tri-X 400iso

– 1997 –

Photo au culot comme je les ai appelées. Comment prendre les gens au naturel et surtout, ces milliers de visages qu’on croise chaque jour et qui me fascinent! Comment? Grâce au travail de Depardon à NY (Magnum), j’ai trouvé une inspiration qui ne m’a pas quittée aujourd’hui encore. Prendre sans viser, sans cadrer, au culot! L’appareil au bout du bras ou sur le ventre… Il s’agit de la première photo de cette série… des japonaises… le destin?
Photo au culot! - 1997
Nikomat EL – pellicule Ilford Delta 400iso

– 1998 –

Madrid où je suis allé 3 étés de suite. Cette ville que j’adore, cette ville à la lumière exceptionnelle et aux couleurs tout aussi rayonnantes.
Madrid - 1998
Nikomat EL – pellicule Kodak Gold 200iso

– 1999 –

Aaah Barcelone… Aaah Gaudi… Aaah le parc Güell… Cette ville m’a vraiment marqué! Je passe mon temps à la recommander aux personnes qui vont en Europe. Il s’agit d’un détail des bancs du parc.
Barcelone - 1999
Nikomat EL – pellicule Kodak Gold 400iso

– 2000 –

Ma dernière Gay pride en Europe, juste avec mon départ pour l’Asie. J’étais déjà en Allemagne. Cette Gay pride où j’allais m’éclater à danser dans les rues de Paris sur de la techno, sur les chars, à me faire rouler des pelles ou mettre des mains aux fesses sans avoir rien demandé… où j’ai croisé de troublantes beautés…
Gay pride - Paris - 2000
Nikomat EL – pellicule Kodak Gold 400iso

– 2001 –

Une de mes premières pellicules au Japon, lors d’un des gros festival de Tokyo Mitama matsuri au temple Yasukuni (le fameux…) Je me suis tourné un instant, je l’ai vue, je l’ai prise… au moment où le rideau de mon appareil se relevait, elle avait disparu. J’ai eu beaucoup de chance.
Mitama matsuri - Tokyo - 2001
Nikomat EL – pellicule Kodak Gold 400iso

– 2002 –

La dernière année (jusqu’à aujourd’hui) avec un négatif. Il s’agit du Tokyo international forum dans le quartier de Yurakucho. Cette photo n’est pas sans rappeler celle de la pyramide du Louvre en 1996. J’ai utilisé mon troisième boîtier pour cette photo, le Nikon F, une merveille à 100% manuel qui date de 1971, c’est-à-dire exactement mon âge.
Tokyo international forum - 2002
Nikon F – pellicule Kodak GC 400

– 2003 –

Une photo prise avec un APN, la première de cette série en fait. Outre le fait d’avoir considérablement augmenté la quantité de mes photos (et pourtant, j’ai détruit des gigas de photos!), le numérique m’a surtout permis de faire deux choses importantes: travailler avec la lumière et permettre d’assembler des panoramas. Je voulais depuis longtemps travailler avec la lumière et des temps de pause longs. Avec des négatifs, cela coûte rapidement très cher pour un type de photo qui se réussit à environ 5-6%… Le numérique m’a permis d’essayer beaucoup de choses. Je mets un panorama de nuit! Il a été pris dans la baie de Tokyo, à Odaiba. Il est composé de (seulement) 14 photos et fait environ 190°.
Baie de Tokyo - 2003
Nikon Coolpix 5700

– 2004 –

Dans la gare de Shinjuku (voir les balades sur le site pour découvrir ce quartier), photo prise avec le bras le long du corps, sans viser! Encore au culot!
Shinjuku - 2004
Nikon Coolpix 5700

– 2005 –

La première année où j’ai fait des photos de studio avec tout le matériel (chez moi) (fond, lumière artificielle, réflecteurs…) J’ai (enfin!) compris que l’éclairage était un problème épineux qu’il fallait un temps considérable avant de le maîtriser et d’avoir la lumière qu’on veut… Pour mes photos de studio, Mikie fut le premier modèle.
Mikie - 2005
Nikon D70

– 2006 –

Encore un panorama! son ambiance verte me fascine! Il s’agit de mon ancien quartier. J’ai pris cette photo juste avant mon déménagement en septembre. Sur la droite au loin, les gratte-ciel sont ceux de Shinjuku. Assemblage de 26 photos et un angle de 160° environ.
Baie de Tokyo - 2003
Nikon D70

– 2007 –

Difficile de faire un choix puisque nous ne sommes même pas à la mi-année… elle changera peut-être celle-là! Un jour, dans mon nouvel appart, un rayon passait par la fenêtre et s’était posé sur cette assiette blanche où séjournaient deux pâtes de fruits qui attendaient leur sort… j’ai ensuite fait toute une série de photo sur cette idée.
L'assiette - 2007
Nikon D70

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11 comments

  1. Elinas,j’ai eu un Agfa bien similaire au tien quand j’étais trèèèèèèèès jeune ^^.

  2. Moi, c’est la boîte jaune avec les diapos qui me fait flasher… J’en ai quelques-unes dans un coin, avec mes échecs (photographiques) de jeunesse…
    Content de t’avoir croisé tout à l’heure au coin de Bisha Monten !

  3. Et oui Supplete. Ca ne m’étonne pas. Ils étaient monnaie courante ces appareils. 😉

    Salut Berlol! Ca fait très plaisir de te voir ici et dans les rues de Kagurazaka.
    Faut absolument que je retrouve cette boîte de mes diapos de Florence! Séquence émotions en perspective! 😀

  4. Sept sur 19 !!! OUI!! J’en connais 7 sur le tas.
    J’ai même la 3me en format A4 papier brillant, et aussi une autre qui est une photo d’une verrière, verre et acier, noir et blanc, magnifique.
    Souvenir, souvenir, c’était un cadeau de toi pour un Noël… Noël 91? Peut-être bien. En tout cas des photos top qui m’ont enchanté et qui continuent de le faire.
    Présence, présence, c’est aussi ça un beau cadeau de toi.

    Tonton Gilles

  5. J’aime beaucoup lire ton article!!
    Merci pour cette histoire d’un grand photographe (un photographe grand?)(^_-)
    Moi, j’avais visité Florence un an avant ta visite…quand j’étais très très jeune et…moins têtue….(-_-;)
    Oui, retrouve la boîtier jaune et montre nous les diapos un jour!

  6. Oui mademoiselle Têtue, seulement un photographe grand! :mrgreen:
    Merci beaucoup pour ton commentaire.

    Merci Guinness. Nous sommes de la même génération j’imagine… 😉

  7. Merci merci! 😀

    Tonton Gilles, je ne m’en souvenais plus… merci pour le rappel 😳

    Maru, salutations à  Sola de ma part! 😀

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