Kyushu – Kurokawa onsen, Aso – 5 août

Nous attaquons une journée de route. Le moteur va chauffer! Nous descendons dans la province de Kumamoto (le centre ouest de l’île) pour aller à Kurokawa puis un peu plus bas, à Aso. Quelque chose comme 250 kilomètres mais principalement dans les montagnes. Kyushu, nous voilà!
Nous avons principalement de l’autoroute mais une fois sortis vers 九重町 (Kokonoe), la route s’enfonce dans la montagne et ses petits villages construits dans des vallées charmantes. Le plein de verdure commence! Kyushu est une île particulièrement fertile et cela se voit par ses nuances de vert. La végétation est très dense et propose une gamme variée liée à sa diversité. Les rizières me fascinent. Je ne peux me lasser de ces champs. De plus, la période est en pleine croissance et les plants sont d’un vert intense. Souvent, nous remontons le cours d’une rivière et nous croisons des villages calmes. Au loin, les habitants vaquent à leurs occupations et les libellules volètent dans le ciel en grande quantité. Sur un tout petit pont, quand nous descendons de la voiture pour profiter du paysage, elles passent juste à côté de nous comme pour nous saluer. Une mamie adorable derrière sa brouette et une chapeau de paille refuse de se faire photographier avec le sourire. Le soleil cogne.
La plupart des villages compte au moins un onsen. Des tuyaux transformés en cheminée crachent une fumée blanche typique. Summum d’une des régions importantes de onsen au Japon, on en trouve des spéciaux pour le meilleur ami de l’homme, le chien. Même Noriko s’en amuse. La route monte et zigzague dans les arbres. Des ponts de style colonial (sic) parsèment la route. Nous pénétrons la province de Kumamoto.
Route de Kumamoto
Les villages traversés semblent avoir arrêté le temps. Les maisons, le calme, les entrepôts (ou ce qui y ressemble) au milieu des arbres de tout type n’ont pas d’âge. La petite route qui nous entraîne dans la montagne nous emmène dans une autre dimension, la voiture en est la capsule temporelle. Émerveillé par le paysage, je regarde dans toutes les directions, je m’esclaffe, je tourne à gauche au lieu d’aller tout droit et nous découvrons un autre coin que nous n’aurions pas trouvé autrement. Parfois, des bâtisses sont accrochées à même le flan de la montagne, comme posées sur la végétation.
Tranquillement, nous finissons par arriver à Kurokawa onsen, première destination de la journée. Il est 12h30. Nous nous garons dans le parking de l’office du tourisme et y laisserons la voiture le temps de notre passage puisque le village est tout petit et se parcourt à pied. L’office distribue un plan indiquant l’ensemble des bains et renseigne sur les heures d’ouverture et de fermeture. On ne vient ici que pour cela: une plongée dans la verdure et les différents bains pour leur vertu spécifique ou leur emplacement. Tous sont en extérieur, sous les arbres et donnent envie de les essayer les uns après les autres. Nous en ferons deux. Le premier parce qu’il a des espaces privés pour les couples ou la famille. いこい旅館 (ikoi ryokan) se trouve à 5 minutes de marche, au bout d’une allée en contrebas. L’endroit est charmant et recommandé pour embellir la peau. Parfait, j’en ai besoin! Ici, on rentre dans l’essence du Japon. Le lieu, le but sont particulièrement représentatifs du pays. Comme le temps qui s’est arrêté dans ces parages, on se prélasse en oubliant ses soucis. Le nettoyage est aussi psychologique.
La plupart de ses bains sont aussi des hôtels, des ryokan. Venir ici me donne sérieusement envie d’y revenir en restant une ou deux nuits dans ses endroits magnifiques.
Lavés, propres et lustrés, nous nous dirigeons vers le restaurant de tofu que nous avons repéré dans le guide de l’île. Comme il est déjà un peu tard, il n’y a personne. とうふ吉祥 (tofu kissho) a une serveuse peu souriante mais qui amène des plats délicieux. Copieux, le déjeuner nous arrache des larmes tellement les variations de tofu sont excellentes. Dès l’entrée, on fait fondre dans la bouche un tofu frais fait maison. Bonheur et repos. Même si le repas est particulièrement sain, il n’en reste pas moins copieux. C’est le moment de faire une balade dans le village. La rue commerçante qui tourne autour de l’office du tourisme est toute aussi charmante que le reste. Diverses boutiques de souvenirs, de miel, d’alcools et une excellente pâtisserie assez connue – パティスリー麓 (pâtisserie Roku) – qui donne envie de tout goûter! À un moment, on passe au-dessus de la rivière sur de petits ponts qui s’intègrent au paysage. On croise des personnes en yukata de bain qui vont d’un onsen à un autre. Intemporel.
Rues de Kurokawa onsen
Pour le deuxième bain, nous avons choisi un endroit un peu éloigné, un autre ryokan car sur les photos, ses bassins semblent être amalgamés dans la nature. 山河旅館 (sanga ryokan) possède un complexe magnifique et un personnel très chaleureux. L’homme qui s’occupe du parking (nous y allons en voiture) nous cause et en me voyant, explique que l’endroit est finalement assez populaire auprès des touristes étrangers. Nous arrivons en même temps que des clients qui restent pour la nuit. J’ai envie de monter dans les étages avec eux pour voir à quoi ressemblent les chambres. Ce bâtiment aussi semble ancestral et hors du temps. L’humidité y est plus forte qu’ailleurs car reclus dans la forêt et un peu plus bas que le reste du village. L’endroit est magnifique et me charme tout de suite. Le bassin pour les hommes est aussi mixte et je m’en étonne puisque la réceptionniste ne nous l’avait pas expliqué même si cela était marqué (en petit) sur le plan qu’elle nous a montré. Un couple de néerlandais s’y prélasse. Je rentre en me camouflant avec le seul appendice que j’ai: ma main droite. La gauche me servant à trouver mon équilibre et éviter un plongeon massif et trop rapide dans une eau à 40°C… Je m’exprime en anglais.
– Euh je ne voudrais pas ruiner l’ambiance mais c’est le bain des hommes ici!
– On nous a dit que c’était mixte.
– Ben non, c’est les hommes ici.

La femme se lève dans toute sa nudité adipeuse et va me chercher le plan en anglais qui se trouve dans le vestiaire. Il est clairement spécifié: mixed bath. Je m’enfonce dans l’eau laiteuse histoire de faire croire que la rougeur de mon visage vient de la température de l’eau…
– Ben merde alors, j’aurais pu venir accompagné moi aussi!
Le passage à Kurokawa onsen aura tout de même duré 5 heures. Le temps s’arrête.

La deuxième destination est le mont Aso, un volcan. Au milieu de l’île, lorsqu’on regarde la carte, il semble être délimité de manière bien précise. C’est le plus vaste du pays. Malheureusement, en progressant sur la route, les nuages sont de plus en plus présents et forment une masse épaisse sur la montagne. Au moment où nous commençons la progression du Mont, la végétation change. Fini les forets compliquées et variées, il n’y a presque plus d’arbre! Des kilomètres de prairies avec un camaïeu de verts s’étendent devant nous. C’est tout aussi beau et le changement, quasiment radical, de la nature paraît irréel. Sur パノラマライン (panorama line), nous stoppons la voiture à un point de vue, presque à 1000 mètres. Un couple de grands-parents guettent la route. Après leur avoir demandé ce qu’il se passe, la femme m’explique qu’ils attendent leur petit-fils – qui ne devrait tarder – qui fait la montée en vélo avec son père pour fêter son entrée au lycée. Nous assistons à ce « tour d’Aso » familiale avec le sourire. Le garçon a l’air épuisé.
En continuant notre ascension, j’arrête la voiture brusquement à la vue des vaches. Nous éclatons de rire. Elles sont tatoués d’énormes numéros qui donnent un côté de production de masse ridicule mais mignon.
Je tiens tout de même à poursuivre la progression malgré les réticences de Noriko. Nous nous retrouvons en plein brouillard. On ne voit pas à 50 mètres et il pleut. Cependant, je trouve la météo tout à fait adaptée à son environnement: la nature, l’intensité du vert, le paysage… le brouillard et la pluie en sont partie intégrante. Il ne doit pas en être autrement. Je fais tout de même demi-tour au bout d’un moment car nous ne pourrons pas voir le sommet du volcan quoiqu’il se passe. De plus, la nuit tombe rapidement car il est un peu tard. La descente devenant trop dangereuse et comme il reste des kilomètres à faire jusqu’à l’hôtel, nous faisons demi tour.
Sur le mont Aso
Le Grand vrio hotel resort, très chic, très snob, est au milieu d’un immense terrain de golf pour les résidents. Cela nous change de l’hôtel de poupées de la veille. Grande classe – mais sans charme – il faut parcourir plusieurs kilomètres depuis la route principale, à travers le terrain pour y arriver. Nous apprécions le confort. De plus, il possède un onsen naturel, ce sera le troisième de la journée. Je n’aurai jamais été aussi propre. Même mes os doivent être nettoyés! Avant d’y aller, nous voulons goûter la spécialité locale: les タイピーエン (taipien), des nouilles chinoises à la « sauce Kumamoto ». Aucun restaurant les servant étant mentionné dans nos guides, je m’en vais quérir des informations à la réception.
– Vous connaîtriez un restaurant de taipien dans le coin?
– Sssssssss fait l’homme en aspirant de manière typique lorsqu’on pose une question difficile à un Japonais.
Je me dis que cela va être laborieux.
– Un restaurant de taipien… ssssssssss… taipien… sssssssss…
Ouais ok, laisse tomber! Tu travailles ici et je te pose une colle, ça veut dire qu’il n’y en a pas. Il demande à la femme à la caisse derrière lui. Même réaction accompagnée des deux yeux qui se retournent dans leurs orbites. Il disparaît pour aller dans les bureaux et revient 5 minutes (montre en main!) après.
– Un restaurant de taipien… euh… et bien… dans le coin… euh… alors il y a bien cette chaîne de restaurants sur la route principale qui fait des ramens. Peut-être qu’ils font des taipien… mais je ne peux rien vous garantir.
Il m’explique comment y aller. Je remonte à la chambre et nous décidons de tenter notre chance. Après 10 minutes de route principale plus les 5 pour sortir du domaine, nous manquons presque la fameuse chaîne puisque le magasin est fermé! Il n’est pas encore 20 heures! Pas de doute, nous sommes en pleine campagne, au milieu de rien, au pied d’un volcan! Nous tournons un quart d’heure avant de finir par trouver ce qui semble être le seul lieu de restauration ouvert dans les 50 kilomètres à la ronde. Avec une ambiance rock&roll, East nous sert des plats corrects. Nous sommes au milieu des locaux, d’ailleurs peu nombreux vu l’heure très avancée de la soirée à la cambrousse: 20h10…

De retour à la chambre, nous partons pour le dernier bain du jour. Il y en a plusieurs. Les deux à l’extérieur me tentent plus mais l’un est à 51°C! Je ne l’essaie même pas! Je choisis l’autre, une eau laiteuse bleue dans laquelle le corps fond au bout de 5cm. L’odeur est métallique et je suis sûr qu’il est particulièrement bénéfique. Décidément, cet hôtel est bien agréable. Lustré comme un sou neuf, je retourne dans la chambre pour une nuit qui sera elle aussi bénéfique.

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Voici la galerie de photos du 5 août.
Il y a un panorama.

Passez votre souris sur la droite des photos de la galerie et cliquez pour voir la suivante.

4 comments

  1. Magnifique, la petite ville de Kurokawa en particulier, ses architectures et cette impression de tranquillité…ça fait envie!

  2. On ne m’ôtera pas de l’idée que ça ne vaut pas un pot de rillettes bien grasses!

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