Portraits de janvier 2013

Après un an et demi de portraits au quotidien, l’habitude de demander à des gens est restée. Bien moins soutenue de toute évidence, j’aime ses rencontres du hasard où les gens racontent facilement leur histoire. Je vais donc regrouper par mois ces quelques moments. Le projet 366 reste en place notamment sur son site dédié.

J’avais déjà mis les portraits suivants dans ma sélection de janvier mais ce n’est pas grave. Je peux expliquer un peu mieux la rencontre désormais.

Portrait du jour
▲ 1er janvier – Mai et Manami – 24 et 23 ans
Le sanctuaire Hanazono – comme la plupart des sanctuaires connus au Japon lors des 3 premiers jours de l’année – voyait son pic de fréquentation avec tous ces visiteurs annuels. Mai et Manami en faisaient partie. Elles étaient sur les marches et essayaient de se prendre en photographie. Les voyant lutter pour arriver à cadrer correctement, j’ai foncé pour leur proposer mes services. J’en ai bien évidemment profité pour leur demander leurs portraits par la suite. Elles étaient venues spécialement de Saitama pour célébrer leur dernière journée ensemble. Mai partait pour l’Australie début février pour une année complète. Manami semblait un peu triste de voir partir cette bonne amie tout en l’enviant de pouvoir le faire. Mai reviendrait avec un excellent niveau d’anglais qui lui servirait toute sa vie. Elles travaillaient toutes les deux dans la mode et l’idée d’une carrière internationale était envisagée. Elles avaient donc décidé de se retrouver le 1er janvier, de s’habiller pour la circonstance et de prier à Hanazono pour porter chance à Mai lors de son séjour dans l’hémisphère sud. Elles étaient l’une comme l’autre pleine d’énergie et d’entrain qu’elles ont partagé avec moi sans retenue.

Portrait du jour
▲ 3 janvier – Shingo – 28 ans
Le phénomène Shingo… Rien qu’avec ses grosses lunettes rose démesurées, sans verre, on le repérait facilement dans la rue. Alors avec un pantalon de la même couleur, on ne pouvait pas le manquer. C’est précisément ce qu’il cherchait. Il se mit à crier à moitié en anglais et en japonais que c’était ok, qu’il était d’accord, qu’il voulait bien faire la photo, que c’était sympa, qu’il avait deux minutes à me consacrer, que sa copine – qui était au téléphone – pouvait bien attendre… Une vraie pile rechargée à bloc qui partait dans tous les sens :
– J’me mets où ? J’me mets comment ? Comme ça ? Oh là, c’est parfait comme fond ! On fait la photo là ! T’es d’accord ?! Hein t’es d’accord ?!
Sur les 2000 personnes dont j’ai fait des portraits, je n’ai croisé que quatre ou cinq modèles capables de choisir leur fond. Alors quand Shingo m’expliqua qu’il était graphiste, j’ai un peu mieux compris. Lui aussi fait un peu de photographie. Son portrait dans la boîte, il recommença à passer du coq à l’âne et me tendit sa carte de visite pour qu’il puisse avoir la mienne. Lui et son amie allaient manger des ramen quelque part vers Gaienmae. Nous étions juste en face du musée Watari-um et leur destination n’était plus très loin. Il vient de Kanagawa mais habite à Omotesando.

Portrait du jour
▲ 15 janvier – Hiromi – 64 ans
La veille, jour férié au Japon, il avait neigé comme cela n’était pas arrivé depuis des années et des années. Une telle quantité ici était une première pour moi. J’avais bien essayé de sortir pour faire des photos mais j’étais retourné rapidement chez moi, trempé et mon parapluie plié en deux sous le poids de la neige…
J’ai croisé Hiromi juste en sortant de chez moi vers 8h30. Elle faisait de tout petits pas dans les rainures du passage des voitures pour ne pas glisser. Elle s’était équipée de bottes en caoutchouc. Son caddie lui servait plus de canne que de charriot à provisions. Je me suis arrêté de suite en la voyant et elle me sourit. Le temps qu’elle se mette sur le trottoir, nous discutions de ses allées et venues. Comme elle discutait avec un Occidental, elle voulait à tout prix parler de sa fille qui avait vécu en Grande Bretagne pendant un bon moment et qui parlait très bien anglais. Hiromi, zéro ! Elle travaillait encore et était pharmacienne, dans le quartier. Il faut dire qu’avec l’hôpital universitaire juste à côté, les pharmacies ne manquent pas. Si ma demande la surprit au début, elle était très heureuse de poser et de discuter avec moi.

Portrait du jour
▲ 15 janvier – Mari – 30 ans
Il fallut faire vite. Mari n’avait pas beaucoup de temps car elle allait travailler. Avec la neige, elle ne pouvait marcher aussi vite qu’elle le voulait et avait peur d’être en retard. Toujours est-il qu’elle accepta avec un sourire complice à condition que cela soit rapide. Je me suis exécuté selon sa volonté. Cela la fit rire. Dans ce quartier d’Ushigome, à quelques centaines de mètres de DNP, le fait qu’elle travaille dans l’imprimerie ne me surprit aucunement. Ce n’était pas la première fois que je croisais quelqu’un appartenant à ce domaine et il y en aurait d’autres. Juste avant de filer – au rythme de pas prudents sur la neige – elle me dit qu’elle était née à Tokyo.
J’aime cet arc-en-ciel dû aux rayons de soleil dans l’objectif.

Portrait du jour
▲ 15 janvier – Chika – 27 ans
Il ne me fallut pas deux minutes de plus pour trouver une autre femme pressée – mais un peu moins – et qui travaillait dans l’imprimerie. La rue s’y prêtait autant que le quartier. Chika était aussi équipée de bottes pour affronter ces centimètres de neige qui avait durci pendant la nuit. Très joyeuse, elle était ravie de poser et aurait bien voulu avoir un peu plus de temps pour se raconter, pour me poser des questions à son tour. L’horaire ne s’y prêtait pas. Chika est née à Yamagata, une préfecture que je connais très mal. Rapidement, j’aperçus ses boucles d’oreilles : une tour Eiffel à chaque lobe. Bien sûr, lorsque je lui dis que j’étais français, j’eus le droit à un sourire encore plus grand. Elle était plus fan du monument que de la langue et elle était très fière de les porter ce jour-là alors qu’elle me rencontrait par hasard.

Portrait du jour
▲ 15 janvier – Raku et Mami – 1 et 27 ans
Au même endroit, quelques secondes plus tard, je tombais sur Mami et son adorable fille qui batifolait dans la neige. Raku était bien l’une des seules personnes aux alentours à être ravie de ce manteau blanc, une occasion assez rare dans la capitale. Alors avec une telle quantité, le chemin pour aller à l’école était bien plus long que d’habitude car il y avait de quoi s’amuser, manipuler et expérimenter. Lorsque je vis son casque sur sa tête, je me mis à chercher le vélo autour car je les avais vues marcher. Mami comprit tout de suite et m’expliqua qu’il s’agissait de protéger la tête de sa fille en cas de chûte, qu’il n’était pas question de prendre le vélo avec des rues aussi impraticables. Cela paraissait raisonnable mais je me disais que je n’y aurais jamais pensé. Raku pouvait tomber, elle ne risquait rien pour sa tête ni son buste avec toutes les couches rembourrées qu’elle portait. Mami ne travaille pas pour s’occuper de sa fille. Si celle-ci est née à Tokyo, elle vient de Aomori, autre préfecture du nord du Japon que je ne connais pas bien. Elles se rendaient donc à la crèche tout en discutant, surtout sous l’impulsion de Raku qui avait plein de choses à demander à sa mère sur les premières neiges de sa vie.

2 comments

  1. Je trouve géniale cette passerelle entre les personnes que tu nous présentes et nous via ton objectif… Continue, moi ça me passionne

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