Souvenirs d’Egypte 5/13

Jour 6 – le 28 décembre

Découverte de la ligne intérieure de Egypt air ce jour-là, avant de découvrir ma première merveille archéologique de Louxor : le temple d’Amon.

Le réveil sonne à 7h30… arf ! que c’est tôt ! Après un petit déjeuner dans l’hôtel, je retrouve Ali et sa fabuleuse 504 à 8h30 en bas, devant l’entrée. L’idée, c’est d’être à l’aéroport à 9h30, une heure avant, pour un vol intérieur, c’est bien suffisant. Reste qu’il est encore tôt pour les Caïrotes et il y a peu de circulation. Nous roulons très bien et nous ne rencontrons aucun problème. Il nous suffit de 30 minutes pour le rejoindre. Je suis donc bien en avance et au moment de l’enregistrement de mon bagage, je vois sur l’écran d’affichage que le seul vol retardé est le mien… un retard de 20 minutes affiche-t-il… Face à l’employé, je lui demande ce qu’il se passe et il me regarde avec de grands yeux en me disant qu’il n’y a aucun retard… l’embrouille (re)commence… c’est tellement naturel qu’ils ne s’en rendent plus compte. Peu importe de mentir à la personne qui est en face de vous si elle peut se calmer à ce moment-là…
Dans la salle d’attente, je trépigne car les minutes (longues) passent et rien ne vient, rien n’est annoncé. L’avion partira avec plus de 30 minutes de retard sans qu’on nous explique quoi que ce soit. J’aurai attendu deux fois plus longtemps dans l’aéroport que pour me rendre à Louxor ! Dans le petit avion qui nous y emmène, le personnel est aussi froid qu’une porte de prison. Pas un sourire. Quel décalage ! Autour de moi, je découvre l’Egypte aisée. Un couple copte est à mes côtés, la femme étant le plus près. Couverte de bagues en or et de colliers, j’ai l’impression de voir ma grande tante. Avant le décollage, elle lit un psaume écrit en arabe et à l’effigie du Christ. Sans doute pour conjurer le mauvais sort pendant le vol.
Cédric Riveau
Lorsque je sors de l’aéroport, Mohamed m’attend. Il travaille pour la maison de Pythagore où je vais passer mon séjour. Une maison d’hôte ou présentée comme telle sur le site Internet. Au moment de la réservation, j’ai contacté Thomas, un Belge qui a fait sa vie entre les deux pays et qui dirige l’endroit. Il m’a prévenu qu’il ne serait pas sur place car il vient d’être papa. Je lis entre les lignes que le moment de Noël est en famille et aussi – et principalement – qu’il n’y a pas – ou peu – de clients et préfère donc déléguer ses fonctions à son second. Mohamed est absolument adorable et m’invite à le tutoyer tout de suite. Il me présente sa fonction, l’histoire de la maison. Il me parle de mon guide et mon chauffeur qui vont m’accompagner pendant toute la période. Lui-même est aussi guide et parle un français impeccable. Sa femme a en fait la même nationalité que moi et vit en Egypte depuis longtemps maintenant. Ensemble, ils ont deux enfants.
Nous arrivons à la maison qui se trouve au sud du centre, un quartier un peu loin que je découvre derrière la vitre de la voiture et qui m’enchante : de vieilles bâtisses devant des rues en terre battue et des gens un peu partout. Son côté populaire me ravit. Il n’y a pas un seul touriste et je me retrouve en immersion complète avec ma valise dans la rue qui mène à mon hébergement car la voiture ne passe pas. Un groupe d’enfants s’attroupe et me lancent des « Helloooooooooo » que j’imite et qui les font hurler de rire. Au milieu des cris sonores qui résonnent sur les murs des maisons, je me dirige tranquillement vers l’homme qui me fait signe devant l’entrée, Yassin, qui garde et entretient l’hôtel. Mohamed me rejoint rapidement et je pénètre à l’intérieur. L’entrée me donne un grand sourire. Les murs bruts de torchis sont peints de couleurs vives et l’endroit est décoré avec goût. Je suis absolument seul ! J’ai la maison pour moi, d’autant que la nuit, tout le monde rentre chez soi. On trouve des chambres sur deux étages et en plus du jardin, il y a une terrasse sur le toit. Trop fort ! Je suis dans la plus belle chambre digne d’une suite nuptiale pour un couple en lune de miel. Un lit à baldaquin. Cela me fait presque oublier que l’hôte de cette maison d’hôte justement, n’est pas là.
Cédric Riveau
Mohamed m’installe dans le salon afin que nous discutions du programme du séjour et du règlement. Cet aspect administratif du séjour réglé, il me laisse m’installer, me reposer et me propose de repasser plus tard pour me récupérer.
Comme à mon habitude, je ne peux rester en place et sors visiter le quartier. Je retrouve les enfants aussitôt sorti. Ils m’attendent. Je leur donne des chocolats japonais. Tout le monde me sourit et me fait un geste de la main en signe de bienvenue. Cela fait chaud au cœur. Je me dis qu’ils voient beaucoup moins de touristes qu’avant et s’ils sont habitués à en voir, ils doivent être contents que je sois là.
Je me base sur l’axe principal pour me repérer. La rue de la maison est perpendiculaire et l’organisation du quartier est relativement géométrique. J’y découvre un café à une extrémité, des magasins de-ci de-là, un pressing, une épicerie et même un sculpteur d’albâtre. Mon premier contact avec Louxor est un ravissement.

Mohamed revient et me présente Hussein avec qui je vais passer le plus clair de mon temps. Mon guide attitré est très gentil. Ils se connaissent depuis des années et sont toujours ensemble. Nous faisons un petit tour du centre en voiture car Mohamed veut éviter que je me perde. Comme je suis seul, il est inquiet et veille à ce qu’il ne m’arrive rien. Après ma visite du temple avec Hussein, je serai seul, j’irai dîner et il veut absolument venir me chercher pour que je ne me perde pas, pour que je n’ai pas à négocier avec des taxis, pour se rassurer. Il est aux petits soins avec moi et cela me touche beaucoup. Nous nous fixons donc rendez-vous à 22 heures devant le MacDo, très facile à trouver. Un MacDo à Louxor…
Cédric Riveau
Vers 15h30, Hussein et moi pénétrons dans mon premier sanctuaire égyptien de la Haute-Egypte. Je saute partout sauf qu’il est déjà trop tard pour moi. Mohamed m’a conseillé cet horaire pour que je puisse découvrir le temple de nuit avec son éclairage. Il ne sait pas encore que j’ai besoin de nombreuses heures pour visiter un lieu et que la lumière joue un rôle primordial pour moi. Le temple étant orienté d’est en ouest, le soleil se trouve à l’autre bout et le pylône est déjà dans l’ombre. Il n’empêche, j’y suis ! J’ai en face de moi le frère jumeau de l’obélisque de la Concorde, toujours à sa place. Rien que cela donne la chair de poule. La statue de Ramsès II me décroche la mâchoire et l’allée des sphinx derrière moi me sidère. Celle-ci est d’ailleurs en restauration et le projet de la restaurer en entier sur ses six kilomètres et faire en sorte que les visiteurs y passent pour pénétrer le temple est en cours. Je ne suis qu’au début de mes émotions.
Je me découvre une passion pour les colonnes. Sans doute existait-elle déjà auparavant car ma fascination pour les sites romains ou grecs est tout aussi grande mais là, je vois des cours encadrées de colonnes, des allées bordées de colonnes qui me décrochent les cervicales.
Entre le spectacle œcuménique de la mosquée d’Abou el-Hagag construite sur le site qui a été retrouvé par la suite, la cour de Ramsès II, la cour d’Amenhotep, la salle hypostyle et ses couleurs, on peut me suivre à la trace, tel un escargot qui laisse sa bave sur son sillage. Je ne sais plus où donner de la tête tellement il y a de choses à voir, tellement Hussein m’abreuve d’explications et de détails… Le soleil rougit les pierres sur un ciel d’azur. Un contraste de couleurs complémentaires à faire pleurer. Je peux rester planter au milieu des cours ou des colonnades sous l’œil amusé de mon guide, heureux de découvrir mon besoin de contemplation. Dans le fond du temple – qui est en fait la tête -, je découvre des salles au bas-reliefs plus beaux les uns que les autres. Cette idée que tous ces endroits de culte sont des livres géants fait son apparition et sera confirmée par la suite. On y crée et on y raconte des légendes de dieux, de pharaons aux pouvoirs surnaturels afin d’impressionner le peuple et cela fonctionne, même 4000 ans après. La bataille de Qadesh me rappelle ce que les bas-reliefs du temple d’Angkor Wat veulent aussi conter. Ramsès II est absolument partout : ses statues imposantes mais aussi ses histoires, son cartouche. Le pharaon au règne le plus long fut aussi le plus mégalomane et il ne le cache point. On y lit aussi les siècles qui passent avec la salle d’Alexandre (le Grand) et ses fresques au style facilement identifiable.

Une des explications de Hussein qui me marque le plus est l’agencement des temples égyptiens qui suit la morphologie humaine. Le pylône – par lequel on entre – représente en fait les pieds, les cours à ciel ouvert les jambes, la salle hypostyle le buste, le vestibule le cou et le sanctuaire la tête.

Les premières lumières s’allument et changent complètement l’ambiance. L’endroit en devient encore plus impressionnant. Pour une première rencontre avec un lieu mythique de l’antiquité égyptienne, cela commence très très fort. Hussein me laisse et rentre chez lui. J’ai besoin d’encore plus de temps pour faire des photographies de nuit et il est mieux chez lui maintenant que la visite est finie. Il comprend rapidement que j’aime traîner, m’imprégner d’un lieu et faire des clichés et qu’il devra être patient. Si cela donnera lieu à des moqueries gentilles de sa part ou des autres guides qu’il connaît, il apprécie mon intérêt et ma fascination pour l’histoire son pays.
Cédric Riveau
Une fois terminé, je pars à la conquête de la ville pour chercher le restaurant Sofra, un peu caché dans une petite rue. J’ai un peu de mal à le trouver mais j’y parviens. Le cadre est très agréable avec de jolies décorations. Le dîner se passe à l’étage avec d’autres touristes. Le rez-de-chaussée est inutilisé en raison du nombre de clients… Je commande du (de la ?) tahina et une soupe pour me régaler de ces mezze que j’aime tant. Pour le dessert, j’achète des beignets sucrés dans la rue. Avant de retrouver Mohamed devant le temple de la cuisine étasunienne, je découvre aussi les installations provisoires pour la fête du prophète qui vendent surtout des gâteaux ou sucreries, dont des statues d’un rose pas très naturel ainsi que des poupées bien kitsch.

Bonnes adresses :
La maison de Pythagore – maison d’hôte
Sofra – restaurant
Le temple d’Amon

Galerie
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5 comments

  1. La maison de Pythagore fait nettement plus envie que le MacDo de Louxor (au secours, ils sont partout). La cour arborée semble un havre de douceur et l’intérieur est chaleureux.
    Et le restaurant Sofra est bien tentant aussi!.

  2. Pingback: Souvenirs photographiques d'un voyage en Egypte - bonnes adresses | Color Lounge

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