Souvenirs du Kansai et du Chugoku 3/4 – Tottori, Matsue et Izumo

Troisième papier sur nos aventures dans l’ouest du Japon. (Le numéro 1 et le numéro 2)

La météo qui nous avait empêchés de visiter le temple la veille – mais qui nous a permis de tomber sur les seules gouttelettes de pluie du voyage avec leurs nuages qui léchaient la montagne – la météo donc avait balayé le voile nuageux et séché les chemins et rendait l’accès possible. Oui, oui, je parle bien d’accès
Nous avions eu un avant-goût avec l’hélicoptère qui avait fait un vol géostationnaire d’une bonne trentaine de minutes au-dessus de la cime des arbres pour héliporter une personne qui avait chuté et dont le seul moyen de l’extirper était l’engin à rotors. Des tas de badauds dont nous ne tardèrent pas à rejoindre le lot avaient la tête levée pour essayer de distinguer ce qui se passait à la cime des arbres. Je confirmais ce que j’avais imaginé auprès de l’un d’eux : une personne avait glissé, s’était vraisemblablement brisé une jambe et eu égard à l’ascension, aucune civière ou expédition pédestre ne pouvait la secourir. Nous étions bien à Sanbutsu-ji, le temple bouddhiste classé trésor national avec mention spéciale : le plus dangereux du pays !
Si Cyril commença à pester dès le premier escalier qui permettait de rejoindre l’entrée depuis la route, il gueulait comme un putois au milieu du parcours. J’ai bien cru finir l’escalade seul. Il comprit en arrivant tout en haut qu’il s’agissait d’une récompense qui se méritait, que la beauté de ce qui nous attendait valait bien toutes les souffrances endurées pendant une heure et demie. Quant à moi, comme la veille ou l’avant veille sur la dune de Tottori, je sautais partout !
À l’entrée tout de même, j’étais un peu inquiet. Un employé/disciple vérifiait les visiteurs de la tête aux chaussures pour valider leur aptitude à pénétrer dans l’enceinte. « Non pas vous, vous n’y arriverez pas ! » « Non pas votre fille, elle est trop jeune et ne pourra pas vous suivre ! » et pour moi : « Vous monsieur, vous devez changer de chaussures et acheter des zori à l’intérieur ! » Mes pauvres Birkenstock n’avaient pas passé le test… Rapidement après le bâtiment Sanbutsu-ji lui-même, on était plongé dans l’ambiance avec un chemin qui se glissait entre des pins centenaires. Puis, au détour d’un ruisseau, l’épreuve commençait ! D’abord, des sacs de terre empilés qui formaient un mur. Ensuite, un mur fait de racines d’arbres qui rappelaient les fromagers du Cambodge. Plus loin, un mur de pierre. Encore plus haut, un énorme rocher à escalader grâce à une chaîne… Au cœur de l’été japonais, Cyril ruisselait de sueur et de fiel. Il était possible de faire une pause à Monju-do, un des temples de la deuxième partie de la montée et qui donnait une vue incroyable sur la vallée. On en fait le tour grâce à un balcon de moins d’un mètre de large et sans balustrade… même moi qui n’a pas le vertige, je me tenais à chaque aspérité que je trouvais dans le bâtiment pour limiter au maximum l’appel du vide. Après six autres sanctuaires posés sur ou contre la montagne, on arrive à Nageire-do qui vous coupe le souffle ! Littéralement, ce dernier temple porte parfaitement son nom : jeter contre la montagne ! J’ai eu beau chercher, je ne voyais pas de chemin pour y accéder. Comment les moines constructeurs du IX ou Xe siècle avaient-ils réussi à le construire dans cette aspérité de la montagne ? Comment les moines actuels grimpaient le flanc de la montagne pour l’entretenir ? Un mystère qui rendait le lieu encore plus magique. Cyril avait retrouvé le sourire, satisfait du spectacle et de cet effort mérité.
La descente fut plus rapide.
Nous sommes partis pour Matsue peu de temps après.
Google maps
Arrivés en fin d’après midi, nous avons tout de même réussi à visiter le château, la maison de Lafcadio Hearn et la demeure des samouraïs : buke yashiki. J’étais content de pouvoir visiter un château – celui de Matsue valait largement le détour suite à la frustration à Himeji. Lafcadio Hearn, le plus Japonais de tous les Occidentaux depuis la fin du XIXe siècle avait une superbe maison où il fait bon se promener. Grâce au Guide vert, nous avons aussi visité une superbe bâtisse avec un jardin enchanteur qui est devenue une école de cérémonie du thé, avec un nom adorable : Meimei-an. Les rues du quartier traditionnel de Matsue ne sont pas sans rappeler Kanazawa que j’adore.

Le jour suivant, nous nous sommes rendus à Izumo pour son fameux sanctuaire : Izumo taisha, le deuxième sanctuaire du pays après celui d’Ise dans la province de Mie.
Google maps
Une visite me suffira dans ma vie. L’endroit est impressionnant mais trop restauré pour moi donc sans caractère. Les bâtiments qui semblent les plus vieux, les plus intéressants donc, sont en son cœur et on ne peut pas s’en approcher. Le clou du spectacle est cette corde de pailles de riz qui pèse trois tonnes et dans laquelle les gens glissent une pièce de 5 yens ce qui fait qu’elle devient de plus en plus lourde et qu’il faut la changer. La rue principale qui mène à l’entrée est charmante avec des boutiques vieillottes et charmantes comme cet opticien ou encore le café Marco où nous avons déjeuné.

De retour à Matsue, je tenais à faire un promenade avec les barques traditionnelles dans les douves du château. L’agence Horikawa propose cela depuis des temps illustres avec ses bateaux dont le toit se baisse si bien que les passagers doivent se plier en deux dans des rires et des cris. Sous certains ponts, il y a moins d’un mètre et au-delà d’une vue passionnante de la ville – comme avec les bateaux-mouches à Paris – cette excitation d’avoir à se recroqueviller plus d’une fois rend le périple amusant et convivial. À faire si vous y allez !

Les bonnes adresses à Tottori, Matsue et Izumo :
Sanbutsu-ji (三徳山三佛寺) – le temple qui se mérite ! – 682-0132鳥取県東伯郡三朝町三徳1010site officiel
Café Marco (Cafeまるこ) – café-appartement à Izumo – page Facebook
La maison de Lafcadio Hearn – maison traditionnelle et jardin japonais – site officiel
La demeure des samourai – musée – site officiel
Meimei-an – cérémonie du thé – site officiel
Horikawa meguri (堀川めぐり) – la balade en bateaux – site officiel

La première partie de ce voyage se trouve ICI.
La deuxième partie de ce voyage se trouve ICI.

5 comments

  1. Tout cela fait bien envie! Même si c’est difficile d’y accéder…
    Comment imaginer que ces petites sandales en corde soient appropriées pour l’escalade…? Les pieds m’en tombent! ;o)

  2. Ha ha !
    En fait, cela allait avec ces sandales mais heureusement que j’ai pris les chaussettes en plus. Sans, la corde m’aurait sectionné les pieds… Elles trônent désormais dans mon musée personnel (tu vois d’où je parle !)

    Oh oui ça fait envie et c’est vraiment à faire. Le gros choc de ces vacances !

  3. Ha ha !
    En fait, cela allait avec ces sandales mais heureusement que j’ai pris les chaussettes en plus. Sans, la corde m’aurait sectionné les pieds… Elles trônent désormais dans mon musée personnel (tu vois d’où je parle !)

    Oh oui ça fait envie et c’est vraiment à faire. Le gros choc de ces vacances !

  4. C’est grandiose ! (sauf les Zoris !-), je comprends mieux l’accident si le pauvre a dû les chausser)
    Un petit chemin sacrificiel et tu n’étais pas au parfum !-) ?
    Merciiiii aussi pour les bonnes adresses !
    Belle journée nippone hédoniste post-rando à toi

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