Jour 4 – 26 XII 2007 – Route et Kampong Thom

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Road number 6 - Cambodia - Route 6 - Cambodge

Bon, j’ai de la route! Je me lève à 7 heures, ce qui est très bien compte tenu de l’inconnue temporelle qui m’attend. Vais-je me perdre? combien de temps faut-il?

Le petit déjeuner avalé, je demande ma note et réserve pour le 4 janvier, ma dernière nuit au Cambodge. Un homme au comptoir, très sympa, me demande où je vais et comment. Il peut ainsi m’expliquer la route, me recommander un hôtel à Siem Reap. Il téléphone même pour dire que je passerai vérifier la chambre le lendemain et que si elle me plaît, je la prendrai. Je le remercie et il m’accompagne même à la moto pour me donner une brochure du dit hôtel.

Je traverse Phnom Penh en me dirigeant vers le nord. 167 kilomètres m’attendent (normalement…) La sortie de la ville est encore plus chaotique que le centre. Il y en a vraiment partout et cela représente, pour nos sociétés organisées et policées, un exotisme délicieux. Le plus amusant sont les camions surchargés de passagers et de valises comme j’en ai déjà aperçu la veille. A la périphérie nord de la capitale, cela semble encore plus intense qu’ailleurs. La densité aidant, le nombre de maisons, la largeur de la route, le spectacle n’a pas de pareil! Vraiment j’adore! L’anarchie est euphorisante. Là encore, tout du long, je me délecte de ce que je vois. On me dirait que je suis sur une autre planète que je le croirais volontiers. Equipé de mon casque, je respire beaucoup mieux et peux affronter la vitesse.

Road number 6 - Cambodia - Route 6 - Cambodge

Skon - Cambodia - Cambodge

Cependant, je ne dépasse qu’à de rares occasions les 70 km/h. D’abord parce qu’en moto la vitesse se ressent beaucoup plus, ensuite parce qu’en trail, je prends trop le vent (parlons-en du vent… un vent assez fort et de face tout le long!) et qu’enfin, pour traverser les champs d’astéroïdes, une vitesse plus élevée serait du suicide. Les autres deux roues sont assez simples à dépasser mais les voitures ou pire les camions ou autobus qui viennent à contre-sens en doublant (ils ont décidé de doubler quoiqu’il advienne!) ne laissent parfois qu’un mètre de chaussée pour passer… Sans oublier les animaux: vaches, cochons, poules et autres volailles et les plus dangereux: les chiens! Au milieu de la route, ils choisissent le côté gauche ou droit au dernier moment et malheur à soi si on est sur le chemin. Je réussis à me faire une petite frayeur avec ces put*** de quadrupèdes qui m’éduque pour le reste du chemin.

Road number 6 - Cambodia - Route 6 - Cambodge

Road number 6 - Cambodia - Route 6 - Cambodge

La campagne et les villages traversés me donnent envie de m’arrêter à chaque seconde! Je mets presque quatre heures pour parcourir le trajet! D’abord parce que je ne suis pas toujours sûr de mon chemin – je me rendrai compte par la suite que cette route n°6 Phnom Penh-Siem Reap est en fait très bien balisée – et ensuite parce que je fais des pauses. La conduite fatigue et mon sac à dos + pied photo me pèsent!

A 30 kilomètres de mon arrivée, je m’arrête dans un petit magasin qui n’est pas sans me rappeler le Vietnam. Contact avec les propriétaires via signes et gestes. Ils sont adorables et me sourient sans cesse. Les enfants regardent en rigolant ce grand à la peau blanche qui doit mettre de la crème pour ne pas brûler au soleil. En onze jours de moto, je vais rentrer avec les bras noirs!

Road number 6 - Cambodia - Route 6 - Cambodge

Road number 6 - Cambodia - Route 6 - Cambodge

Road number 6 - Cambodia - Route 6 - Cambodge

Kampong Thom - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom est une grande ville comparée à tout ce que j’ai traversé. Il y a même un marché assez grand comme à Phnom Penh. Je trouve l’hôtel que j’ai repéré facilement. C’est très modeste mais ça ne coûte que 5$ donc bon… Je ne me pose que quelques minutes car je souhaite aller voir le temple qui m’a fait faire escale ici: Sambor Prey Kuk. De plus, le chemin n’est pas une grosse route à suivre donc il va me falloir du temps. Et il m’en faut! Je dois prendre une route qui part de la route principale et je ne peux en croire mes yeux! Les véhicules ont l’air de bateaux sur une mer démontée. La route d’hier n’était qu’un entraînement pour nouveaux nés. Là, c’est le vrai Paris-Dakar avec des crevasses, non! des vagues énormes figées dans le sol. Je dois faire très attention et ce sur 30 kilomètres!!! Les 10 premiers sont les plus difficiles. Le soleil plombant ne découpe que trop peu les bosses. C’est mon baptême de piste noire en moto!

Kampong Thom - Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

Les vingt kilomètres suivants ont moins de bosses mais n’en sont pas moins dangereux. On prend de la vitesse et on aperçoit juste devant soi la présence d’un trou, d’un chien caché derrière un arbre, d’un enfant en vélo… Je dois être concentré à 400%. Mais le spectacle n’a pas de pareil. Je suis sur une route fréquentée seulement par des locaux et je suis en contact direct avec la population. Une route de terre battue traverse des rizières ou des villages, c’est tout simplement le bonheur. Je ne peux décrire ce que je ressens. Si ce n’est pour ce temple, je n’aurais jamais pris cette route au milieu de nulle part. Que le temple soit moche ou inintéressant, je m’en moque, j’ai traversé cette province de Kampong Thom sur un terrain que j’explore.

Kampong Thom - Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

Ici aussi, on me salue de toute part. Je ne peux répondre, trop concentré sur ma route et cherchant à éviter la poussière de cette terre rouge. J’arrive au temple (à la fin de la journée à l’hôtel) avec une seconde peau rouge, c’est très impressionnant. Les vêtements, la moto, mes jambes, mes poumons? sont rouges! Vive la moto! :mrgreen:

Kampong Thom - Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

Après 1h30 (2h?) de trajet, je finis par arriver à ce qui me semble être le bout du monde tellement j’ai fait de route… Plusieurs enfants viennent à moi pour mes vendre des écharpes et le plus grand d’entre eux se proposent (d’office) comme guide. Il s’avère être un jeune homme adorable de 14 ans qui s’appelle Heang. Il parle très bien anglais et baragouine en français ce qui force mon admiration. Son rêve est de devenir guide dans la région et je lui dis qu’il est sur la bonne voie. Les enfants qui nous accompagnent se chamaillent ou chantent. J’achète une écharpe à l’un deux pour protéger mes bronches et nasaux pendant le retour. Oui, oui, j’ai laissé mon casque à l’hôtel… 🙄

Kampong Thom - Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

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Nous visitons un ensemble de temples magnifiques qui me rappelle beaucoup Kamphaeng Phet en Thaïlande. La nature a repris ses droits et les temples sont en mauvais état. Contrairement à Kamphaeng Phet, ici, ce sont les bombardements américains qui ont quasiment anéantis ces trésors du VI ou VII siècle… 👿 Quelques édifices seulement imposent leur majesté. On distingue aussi quelques bas-reliefs typiques de l’art khmer. De plus, la lumière du milieu de l’après-midi qui passe entre les arbres découpe les temples de manière irréelle. Ici aussi, j’ai un petit aperçu de ce qui m’attend à Angkor.

Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

Sabor Prey Kuk - Panorama

Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

Sabor Prey Kuk - Panorama

Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

Sabor Prey Kuk - Panorama

Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

A la fin de la visite, je m’assois sur un tronc d’arbre pour discuter avec Heang. Il est décidément adorable et je lui laisse un bon salaire.

Sabor Prey Kuk - Heang - Cambodia - Cambodge

Je rattaque ma route et me rends compte que, rodé, je mets deux fois moins de temps qu’à l’aller. Malgré ma seconde peau rouge poussière, ou serait-ce plutôt une autre couche de vêtements rouge velours?, je passe au marché car la lumière baisse très vite et les magasins ferment tôt. Le marché de Kampong Thom est fidèle au pays: odeurs, crasse, gueules, décidément, ce sont les endroits que je préfère! On me sourit à longueur de temps alors que je prends des photos. Les modèles se font charrier gentiment par l’entourage sous les rires de l’assemblée.

Kampong Thom - Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Sabor Prey Kuk - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Cambodia - Cambodge

Kampong Thom - Cambodia - Cambodge

Trop sombre et moi trop sale – j’essuie quelques moqueries – je rentre pour me doucher. Une eau terreuse et marron s’écoule dans l’évacuation. Il n’y a pas d’eau chaude mais ce n’est pas un problème.

Je repars ensuite pour aller m’installer dans un des restaurants de la ville, Arunras, qui a une grande salle et au-dessus, un hôtel. Les jeunes serveurs tournent autour de moi, se demandant ce que je peux bien écrire dans ce carnet pendant des pages et des pages, des minutes et des minutes. Amusant.

distance parcourue: 232 kms

Kampong Thom - Cambodia - Cambodge

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12 comments

  1. Encore une journée bien remplie, et de superbes photos. Qu’elle balade !

  2. Ah oui, une balade comme j’aimerais faire! je me suis vu à  ta place avec ma Transalp 🙂 merci pour toutes ces photos, super reportage

  3. Ton encre et je me replonge dans le récit pudique et si subtil de François Bizot.
    LE PORTAIL, témoignage d’un Bizot ethnologue en pays kmer il a presque 40 ans… Ce récit publié chez Folio est à découvrir ABSOLUMENT.
    Si tu ne le trouve pas, … Cédric, dans ton pays de cocagne, Je te l’expédierai.
    Voili, voilou, bisou,
    Marie

  4. Bonsoir,

    Un voyage superbe et des photos envoutantes.

    Le carnet, objet de l’attention des serveurs, est celui de la photo présente dans l’article précédent? Je me demandais où vous notiez l’histoire de vos voyages…

    A quoi sert le liquide jaune au dessus des futs?

  5. Merci pour vos commentaires! 😉

    Coucou Marie,
    Non je ne connais pas ce livre. Je vais voir si je le trouve. Merci pour le tuyau.

    Christian,
    C’est bien mon carnet. Un de mes nombreux carnet de voyage…
    Le liquide jaune est en fait de l’essence. 😀 Les trois garçons de la photo précédente (qu’on retrouve sur cette photo) sont les jeunes qui travaillent dans cette station. Au moment où je faisais le plein, cette femme est arrivée pour faire remplir un bidon.

  6. L’étreinte de l’arbre qui embrasse et étouffe le temple est troublante. On sent que tu t’es laissé fasciner par cette étrange alliage de minéral et de végétal. C’est aussi un beau contraste avec les scènes pleines de vie des marchés.

  7. j’aime bien la photo de l’escalier avec les découpages étendus sur les fils, mystérieuse. et ces images de temple enraciné … y serais-tu retourné la nuit ? 😀

  8. T’es ouf tôa! Déjà qu’on peut se perdre le jour alors la nuit… vraiment, c’était au milieu de nulle part! 😯

  9. Bon enfin je peux poster mon commentaire… je disais donc, comment tu fais pour protéger ton APN?

    Sinon ton aventure est hallucinante… comme souvent (toujours ?) je retourne me plonger dans le suivant 🙂

    Gil

  10. Merci. 😉

    Protéger?… tu verrais le pied et les boitiers… ils ont encore de la poussière rouge… trop fine, elle passait partout! C’est peut-être ça qui a achevé le D70… 🙄

  11. je me régale… l’arbre dévorant le temple : incroyable Dame Nature!
    Franchement malgré la « pauvreté », les gens sont humains et beaux à un point qui donne presque envie de pleurer… ou plutôt non envie de rire avec eux!
    Les filles sont belles… Sacré Linou! Quel oeil d’expert!

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